Mark Sinclair: L’habitude est-elle le fruit de la répétition ?

Le 13 janvier 2020

10h00 à 12h00 - Présentation en anglais
26, Place Bellecour - 69002 Lyon
Salle de réunion - Allée A - 1er étage

Mon projet porte sur les descriptions de la nature de l'habitude dans l'histoire de la philosophie française moderne depuis 1800. Tout au long de cette période de la pensée française, la question de l’habitude est un pivot philosophique et métaphysique. Le problème de l'habitude ne concerne pas seulement la nature de l'esprit, mais aussi notre conception de la nature elle-même. Les écoles de pensée concurrentes tout au long de la période offrent non seulement des points de vue divergents sur l'habitude, mais s’en servent aussi pour se définir et se positionner.

Le projet vise à montrer:

  1. Comment les conceptions « spiritualistes » de l’habitude au sein de cette tradition sont pertinentes aujourd’hui en ce qu’elles nous permettent de critiquer les approches matérialistes dominantes dans les neurosciences contemporaines ;
  2. Comment l'unité de la philosophie française tout au long de cette période peut être mieux comprise en saisissant la centralité des luttes intellectuelles concernant la nature de l'habitude.

Dans cette présentation, je reviens sur « La naissance des habitudes » de Victor Egger (1870) et son rejet de l'affirmation aristotélicienne selon laquelle l'habitude est simplement le résultat de répétitions (d'actes répétés dans le cas de l’habitude motrice). Pour Egger, la répétition elle-même suppose un principe plus fondamental que nous pouvons nommer « habitude ». Dans le cas de l'acquisition d'une habitude motrice, ce principe nous permet d'identifier ce qui se répète, d’isoler l’identité dans la différence, et ainsi de développer une nouvelle compétence, capacité ou tendance. En expliquant cette affirmation, nous verrons comment elle conduit à une notion du temps vécu (les philosophes français du 19e siècle l'ont appelé `` la durée '') comme plus fondamentale que la notion « vulgaire » (spatialisée) de temps en tant que succession d’instants.

Mark Sinclair est Reader en philosophie à l’University of Roehampton, Londres. Il est Fellow 2019/2020 du Collegium de Lyon.