Fabian Lemmes : Propagande par le fait

Cet article examine la vague transnationale d’assassinats et d’attentats à la bombe perpétrés par les anarchistes à la fin du 19e et au début du 20e siècle sous le terme de «propagande par le fait». Dans la littérature, ils sont souvent considérés comme des exemples prototypiques de terrorisme «individuel» mais c'est une désignation trompeuse. En effet, la radicalisation des (futurs) auteurs solitaires de violences et les voies qui les amènent à l'acte s'avèrent être des processus sociaux et de communication relativement intégrés. Ces processus s'étendent sur des périodes plus longues et sont largement façonnés par les interactions à l'intérieur et avec l'extérieur des milieux anarchistes aussi bien que par les discours des médias de masse.
Le terrorisme par des acteurs solitaires n'est donc pas un phénomène individuel mais un phénomène hautement social - c'est l'argument central de l'essai. Inversement, cela signifie que l'analyse des trajectoires des auteurs isolés peut fournir des informations précieuses sur les milieux et les mouvements radicaux.