Ming CHONG: Politique, religion et modernité dans le libéralisme français de Montesquieu à Tocqueville. Premier exposé : nature et histoire dans la pensée politique de Montesquieu

Le 9 décembre 2019

10h00 à 12h00
26, Place Bellecour - 69002 Lyon
Salle de réunion - Allée A - 1er étage

Cette présentation, basée sur le premier chapitre du projet de Ming Chong, est une analyse de la nature et de l’histoire dans la pensée de Montesquieu. L’histoire est l’outil principal de la connaissance de la modernité pour Montesquieu. Il n'est pourtant pas un historiciste ou un positiviste car il mesure l’histoire par la nature ou par les principes universels. Cependant la nature de l’être humain présente trois aspects chez Montesquieu. Les interactions et tensions entre la nature physique, la nature morale et la nature sociale illustrées par l’histoire sont la clé pour saisir à la fois la diversité et l’universalité de l’humanité. Elles éclairent aussi la légitimité et l’ambiguïté de la modernité présentée par Montesquieu.

Dans mon projet de recherche sur le libéralisme français moderne, j’étudie comment des penseurs tels que Montesquieu, Madame de Staël, Benjamin Constant, François Guizot et Alexis de Tocqueville ont élaboré des pensées sur la politique et la religion afin de construire une société moderne libre et morale. Soucieux de défendre la justice et la légitimité de la modernité, ils n’étaient pas moins vigilants au fait qu’une société composée d’individus pourrait être hédoniste, fragmentée, conflictuelle et faible et faciliter ainsi la montée d’un état autoritaire et même despotique. Tandis qu’ils développaient le constitutionalisme pour protéger les individus et encadrer la souveraineté, ils s’appuyaient sur la liberté politique pour cultiver la vertu civique et transformer l’individu en citoyen attaché au bien commun. Ils cherchaient aussi à construire un rapport équilibré entre religion et politique pour surmonter le conflit théologico-politique qui déchirait l’Europe moderne. Considérée par eux comme un élément de la nature humaine, la religion, qui devrait être reformée pour accepter la tolérance et la séparation avec le pouvoir politique, pourrait contribuer au dépassement de l’individualisme et du matérialisme et devenir un soutien de la lumière, de la démocratie et de la liberté.

Bio Ming Chong est professeur associé d’histoire à l’Université de Pékin. Il travaille notamment sur l’histoire intellectuelle et politique de la France moderne.